Togo : De la nécessité d’une protection sociale plus sensible au VIH et à la tuberculose
Au Togo, le système de protection sociale doit davantage s’adapter à tous les publics bénéficiaires qui en ont besoin, particulièrement les Personnes vivants avec le Vih (PVVIH), les personnes atteintes par la tuberculose et celles hautement vulnérables par rapport à ces 2 pandémies.
C’est l’une des principales conclusions du rapport d’évaluation des politiques et programmes de protection sociale et de leurs relations avec le Vih/Sida et la tuberculose au Togo. Un document qui a fait l’objet d’un atelier national de dissémination organisé ce 31 mars 2022 à Lomé.
Les travaux se sont déroulés en présence du Coordonnateur du Secrétariat Permanent du CNLS-IST Professeur Palokinam PITCHE, du Directeur Général de la protection sociale BIGNANDI Palakimyèm, de la représentante adjointe du PAM au Togo (au nom de l’équipe conjointe Vih/Sida) Mme Odette Kishabaga et de l’ensemble des autres acteurs de lutte pour une protection sociale plus inclusive dans le pays.
Ce rapport est le résultat d’une évaluation qui a pour objet non seulement de répertorier et faire une analyse critique du niveau d’intégration du VIH et de la tuberculose dans les politiques et programmes de protection sociale au Togo, mais aussi d’identifier les barrières qui limitent l’accès des populations ciblées à ces dispositifs et de proposer des mesures correctives.
Selon Amoussou Kégnidé Damien, coordonnateur national adjoint au secrétariat du CNLS-IST, président du comité de pilotage de l’évaluation, la protection sociale au Togo est une priorité gouvernementale aussi bien sur le plan économique que social, avec l’existence d’une pluralité de dispositifs.
Cependant, la protection sociale contributive ne répond que partiellement aux besoins d’un nombre encore limité de bénéficiaires et la protection sociale contributive est sous financée et dépend de l’aide extérieure.
Le document met en relief une faible sensibilité de la protection sociale vis-à-vis du Vih et de la tuberculose dans la plupart des politiques, stratégies, programmes et projets, avec une faible implication de la société civile sur les dispositifs existants et leurs droits.
« Les programmes de protection sociale en santé sont relativement sensibles par rapport à la problématique du Vih Sida et la tuberculose, avec un pic au niveau du Plan stratégique national de lutte contre le Vih Sida, de la politique nationale de lutte contre le sida vision 2030, du Plan national de développement sanitaire et de la politique nationale de santé. Pour les programmes de protection sociale hors santé, les documents de politique nationale de protection sociale, Politique nationale de l’éducation, Travail, de l’équité et de l’égalité de genre de l’action sociale ainsi que les différentes interventions à base communautaire ont une sensibilité relativement bonne au Vih Sida et la tuberculose », a souligné Amoussou Kégnidé Damien.
Le rapport recommande logiquement une adaptation de la protection sociale à tous les publics bénéficiaires qui en ont besoins en particulier les PVVIH et les patients tuberculeux, une réforme de la politique nationale de protection sociale, une simplification du système de protection sociale, l’organisation des assises nationales de la protection sociale.
« Aujourd’hui, il est prouvé que des systèmes de protection sociale bien conçus peuvent s’attaquer aux déterminants sociaux multiples et interdépendants de l’épidémie de Vih notamment la pauvreté, les inégalités de revenus et de genre, la stigmatisation, la discrimination, l’exclusion sociale, l’insécurité alimentaire et la malnutrition », a fait savoir Mme Odette Kishabaga.
« Les systèmes de protection sociale peuvent cibler directement les barrières de l’offre et de la demande qui limitent les PVVIH et les patients tuberculeux d’accéder de manière adéquate aux services de soins mis en place dans le cadre de la lutte contre le VIH et la tuberculose », a-t-elle ajouté.
Au demeurant, les résultats et recommandations du rapport serviront d’outils de plaidoyer et de prise en compte adéquate des PVVIH et des personnes atteintes de tuberculose dans les projets et programmes de protection sociale au Togo.
David SOKLOU