Dr DEKU Kodzo : « Nous pouvons identifier six meilleures pratiques dans la mise en œuvre du projet Dindji (…) »
Le projet Dindji est une initiative du Gouvernement Américain pour renforcer la qualité des services VIH offerts aux populations clé le long des portions béninoise et togolaise du corridor Abidjan-Lagos. Il a pour objectifs d’augmenter de 50 %, le nombre de populations clé ayant accès aux services VIH; d’augmenter de 50 %, le taux d’utilisation de condoms parmi les populations clé ; de réduire de 30%, la proportion de populations clé victimes de stigmatisation et de discrimination durant les 12 derniers mois du fait qu’elles sont suspectées/connues comme populations clé. Le projet a été mis en œuvre du 23 mars 2015 au 22 mars 2018. Après quatre ans de mise en œuvre, le projet a été clôturé au cours d’une cérémonie officielle le mardi 24 septembre 2019 à l’hôtel Sancta Maria à Lomé. Dr DEKU Kodzo, coordonnateur des Unités d’Information de Sanvee Condji et Hilla Condji, parle des meilleures pratiques de ce projet à CNLS Magazine.
CNLS Magazine : Dr DEKU, Quels sont concrètement les résultats qui étaient attendus de ce projet ?
Dr DEKU : Le projet Dindji vise trois résultats intermédiaires : Offre de services de qualité aux populations clé, Promotion de l’utilisation du condom pour la double protection et Renforcement de l’environnement juridique et socioculturel favorable.
Le projet a été mis en œuvre au Togo avec quels partenaires ?
Les partenaires d’exécution du projet sont : l’OCAL, les CNLS et PNLS du Bénin et du Togo et les ONG identitaires HSH et PS ainsi que les Unités d’Information aux frontières du Togo et du Bénin.
Au moment où le projet se clôture, peut-on retenir certaines meilleures pratiques ?
Nous pouvons identifier six meilleures pratiques dans la mise en œuvre du projet Dindji. D’abord le partage d’expérience qui a consisté en la formation pratique des prestataires sur la prise en charge des populations clé à l’extérieur. Le projet Dindji financé par USAID, a identifié une structure spécialisée en offre de services uniquement aux populations clé. Pour améliorer la qualité des services offerts aux populations clé du Togo et du Bénin en matière d’accueil, de prise en charge IST, de Conseil et dépistage, de diagnostic du cancer de l’utérus, de l’autotest etc., l’Organisation du Corridor Abidjan Lagos en collaboration avec les PNLS des deux pays, a identifié des prestataires (Conseillers en dépistage, infirmiers, Assistants Médicaux et techniciens de laboratoires) des structures partenaires et certains cadres des programmes de Santé du Togo et du Bénin qui ont effectué des stages de formation pratique à la Clinique la Confiance.
Il s’agissait pour ces participants d’apprendre d’abord théoriquement d’éléments nouveaux entrant dans la qualité des offres de services et plus spécialement aux populations clé puis de passer directement en pratique les connaissances théoriques reçues. Des horaires de permanences ont été programmés pour appliquer en équipe avec les prestataires locaux de la Clinique, les connaissances théoriques reçues sur les populations clé venues pour bénéficier des services.
Les prestataires formés ont quelles missions ?
De retour dans leur structure respective, ces prestataires formés ont eu le devoir de partager les expériences vécues en stage avec les collègues de service restés au pays. Ainsi au Togo comme au Bénin, les prestataires ayant effectué ces stages se sont retrouvés pour harmoniser leurs connaissances dans un manuel élaboré afi n de renforcer les capacités du personnel des structures sur tous les aspects (accueil, prise en charge IST, Conseil et dépistage, le diagnostic du cancer de l’utérus, l’autotest etc). Un chronogramme a été établi et sur certains aspects, les prestataires se sont mêmes permutés dans les structures pour ces formations sur site.
C’est un projet entre deux pays. La partie nationale est-elle impliquée dans la mise en œuvre ?
Votre question touche justement la deuxième leçon apprise: l’implication de la partie nationale à toutes les étapes de mise en œuvre du projet. En effet les programmes nationaux ont été fortement impliqués en ces étapes. Par exemple l’identification des structures partenaires de mise en œuvre, l’élaboration des outils, les dotations en certains matériels, la réalisation de la campagne boule de neige, l’identification des pools de formateurs, les renforcements de capacités, les suivis et les supervisions, les disséminations des rapports.
La leçon 3 est la formation des prestataires en assurance qualité des services aux populations clé. En effet, l’assurance de qualité est l’ensemble des activités entreprises pour mettre en place des normes et un processus de suivi, et d’améliorer la performance afin que les soins fournis soient aussi effectifs et sains que possibles. L’assurance qualité est selon l’USAID «l’ensemble des actions menées pour que la qualité atteigne le niveau visé ou s’en rapproche raisonnablement». Pour ce faire, des Normes de qualité défi nies par les outils nationaux existent. Dans les prestations de services, on mesure cette Qualité (se conformer aux normes et veiller à ce qu’il n’y ait pas d’écart aux normes). En cas d’écart, il faut améliorer la Qualité en adhérant simplement aux normes. Ainsi, sur le projet Dindji financé par USAID, dans les services adaptés, une équipe composée des prestataires, de l’administration et des représentants des populations clé, se réunit mensuellement pour voir ce qui est améliorable pour la qualité des offres de services.
La 4ème leçon apprise est la mise en place des points focaux dans les services adaptés. Les points focaux sont des personnes issues des cibles HSH et PS jouissant des critères de bonnes moralités et de facilitation, identifiées par les structures identitaires partenaires du projet Dindji de USAID (ONG FAMME et AAEC) et mises en place auprès des services adaptés pour la facilitation de l’accueil et la mise en confiance des populations clé qui y viennent pour recevoir des offres de services afin d’encourager la fréquentation et réduire la prévalence du VIH dans ces cibles.
En effet, le système de référencement des populations clé commence dans les communautés avec les pairs éducateurs. Après l’animation, les pairs éducateurs référent à l’aide d’une fiche les populations clé qui souhaitent bénéficier des offres de services dans les centres. Ces fiches portent le code unique d’identification. La personne référée apporte la fiche qu’elle remet à son point focal. Ce dernier le rassure et le conduit au prestataire.
Les services adaptés sont les centres d’offre de soins et autres services liés à la lutte contre le VIH aux populations et prioritairement aux populations clé en toute assurance, en toute confiance avec un droit à la santé sans discrimination ni stigmatisation.
La 5ème leçon apprise est relative à la réunion de l’équipe d’amélioration de qualité. La réunion de l’équipe d’amélioration de qualité est une rencontre mensuelle. Une équipe composée des prestataires, de l’administration et des représentants des populations clé, pour discuter des goulots d’étranglement des services offerts aux cibles et voir ce qui est améliorable pour la qualité des offres de services. Cette réunion se tient chaque mois après la validation des données. Les données mensuelles sont présentées et il s’agit ainsi de voir les forces et les faiblesses de la fréquentation du service adapté et la qualité des services. La plus-value de cette réunion est de rester conforme aux normes de qualité et attentif aux observations recueillies auprès des cibles pour accroître la fréquentation et le degré de satisfaction.
Enfin l’animation web est la sixième leçon apprise. L’animation web est l’animation d’un site web créé pour sensibiliser en ligne les cibles HSH et PS (EVT) et HSH seuls (AAEC). Ces animations se font en lignes à travers WhatsApp, Facebook et Ginder. Des thèmes sont choisis pour sensibiliser en ligne les cibles internautes. Après animation, une évaluation des risques se fait et l’animateur réfère le pair au CDV ou en
PEC IST à partir d’un code unique d’identification. Après les offres de services, une autre discussion est relancée pour mesurer le niveau de satisfaction du pair et voir si possible s’il peut brancher une autre personne de la cible. Le bénéfice est que le site permet d’une part de toucher les clandestins et d’autre part d’éviter la discrimination et les Violences Basées sur le Genre.
DEKU, merci
Merci également au CNLS Magazine et à toute son équipe.
Source : CNLS Magazine (Titre changé)