Pertes de mémoire : Les avis et conseils d’un psychiatre
Les troubles ou pertes de mémoire traduisent l’incapacité ou la difficulté à mémoriser un fait actuel ou à retrouver un souvenir. Les pertes de mémoire sont de plusieurs types. Certaines sont dues au processus normal du vieillissement, tandis que d’autres dépendent d’un facteur spécifique et ne sont dues que dans les cas les plus graves à des problèmes de santé irréversibles. Dans la plupart des cas, il n’y a pas lieu de s’inquiéter, car ces situations sont tout à fait gérables ou traitables.
On oublie parfois fréquemment des choses. Pour autant, cela n’est pas nécessairement dû à un problème comme la maladie d’Alzheimer,mais à un excès de stress ou à d’autres facteurs passagers.
« À d’autres moments, cet oubli indique le début du déclin cognitif qui peut ou non précéder la maladie d’Alzheimer. La meilleure façon de se débarrasser de tout doute est de s’informer sur le sujet et de consulter un médecin », fait savoir le Pr. Kolou Valentin Charles Dassa, Stress Counselor/Psychiatrie au CHU Campus Lomé et également Professeur de Psychiatrie à l’université de Lomé.
Pertes de mémoire dues à l’âge
« Dès l’âge de 20 ans, on commence tous à perdre des cellules cérébrales et cette perte augmente avec l’âge. En outre, le corps réduit progressivement la formation de diverses substances chimiques nécessaires au bon fonctionnement des neurones », explique le Pr. Valentin Dassa.
Tous ces changements amènent le cerveau à modifier la façon dont il stocke les informations dans la mémoire. Avec l’âge, les pertes de mémoire deviennent plus fréquentes et la capacité d’apprendre de nouvelles choses est réduite. Ce n’est pas le signe d’un problème de santé grave.
A en croire Pr Dassa, « ces changements de mémoire sont liés à des problèmes ponctuels, généralement mineurs. On oublie par exemple, où se trouvent clés, les lunettes ou quels sont les engagements pour demain. Toutefois, la caractéristique de ces pertes de mémoire est qu’elles se produisent chez les personnes âgées et n’affectent pas la capacité à travailler, à mener une vie sociale et à vivre de manière indépendante ».
Pertes de mémoire réversibles
Parfois, les pertes de mémoire sont liées à des problèmes de santé plus graves, mais elles sont traitables et réversibles. Le spécialiste révèle que certains facteurs entraînent des difficultés fréquentes de mémorisation, mais ils n’impliquent pas un processus de perte de mémoire permanente.
Selon lui, ces facteurs sont entre autres : les maladies du cerveau telles qu’une tumeur ou une infection, blessures ou traumatismes à la tête, forte fièvre ou déshydratation, consommation d’alcool ou les séquelles de l’alcoolisme, réaction à un médicament, carence en vitamine B12, malnutrition.
« Dans tous ces cas, la meilleure chose à faire est d’aller chez le médecin afin qu’il puisse déterminer les mesures à prendre », recommande le Pr Charles Dassa.
D’autre part, il est également fréquent que la perte de mémoire soit liée à un état de stress, de deuil, d’anxiété ou à d’autres problèmes émotionnels. Dans ce cas, un professionnel de santé mental (psychiatre, psychologue, psychothérapeute) apporte une aide importante.
Pertes de mémoire irréversibles
La difficulté à se souvenir peut également être le signe d’une légère déficience cognitive, de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre démence. Selon Pr. Kolou Valentin Dassa, les personnes souffrant de troubles cognitifs légers de type amnésique ont plus de problèmes de mémoire que la normale, mais pas au point de les empêcher de mener une vie indépendante.
« Cette détérioration est suspectée lorsque des événements importants sont fréquemment oubliés et qu’il est difficile de trouver les bons mots pour s’exprimer. Le médecin (neurologue) peut diagnostiquer ce problème »,
Dans les cas les plus graves, la perte de mémoire est due à la maladie d’Alzheimer ou à la démence vasculaire. Les symptômes de ces types de démence sont entre autres : « ressentir une difficulté généralisée à se souvenir des choses, poser les mêmes questions plusieurs fois, ou raconter la même histoire à plusieurs reprises, se perdre dans des endroits familiers ou dans des conditions normales dont on se souvient facilement, être désorienté dans l’espace-temps, avoir des problèmes de gestion ou de suivi de l’argent, être envahi par l’anxiété ou de l’agressivité », indique Pr Dassa.
Consulter un médecin
« Toute personne qui s’inquiète du fonctionnement de sa mémoire doit consulter un médecin pour déterminer les causes possibles et, le cas échéant, diagnostiquer rapidement le problème de santé sous-jacent. Un tel diagnostic précoce améliore généralement de manière significative tout pronostic », conseille le psychiatre.
« Les exercices de mémoire et les nouveaux apprentissages, aussi coûteux ou longs soient-ils, sont le meilleur moyen de prévenir les pertes de mémoire. L’exercice physique régulier est une mesure hautement recommandée pour préserver la santé du cerveau », souligne le spécialiste.
Il existe des traitements pour ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer. Plusieurs études en cours suggèrent qu’un remède contre la maladie d’Alzheimer peut être disponible dans les dix prochaines années. Dans tous les cas, une prise en charge précoce peut améliorer la qualité de vie des personnes souffrant de démence, avec un soutien des aidants (proches, amis, conjoint, famille).
Koffi Nukata